(Née en Allemagne en 1950 – vit et travaille à Aignay-le-Duc et Paris)
Dans les années 80, Gloria Friedmann a développé un travail où la nature est omniprésente et apparaît notamment dans son rapport conflictuel avec le politique, l’économique et les contradictions qui en découlent.
En mariant formes minimalistes et préoccupations écologiques, elle cherchait à montrer que L’Homme d’aujourd’hui apparaît pris au piège par les enjeux économiques et industriels d’un développement effréné pourtant initialement issu du désir purement humain de créer un monde meilleur.
En mettant en scène les rapports qu’entretient l’espèce humaine avec son écosystème, elle interroge l’évolution de l’humanité avec ses doutes et ses errances. Car son œuvre ne se limite pas à l’expression d’une idéologie soucieuse de défendre la nature et de dénoncer les agressions de l’homme.
Au-delà du militantisme vert, l’artiste aborde des sujets d’ordre métaphysique et exprime un présent suspendu entre un futur incertain et des origines inaccessibles. De cette manière, elle met à nu la solitude existentielle de l’homme et mène une interrogation primordiale sur la fragilité de la destinée humaine.
Elle évoque la précarité d’une vie sur terre dont la durée est jouée au hasard d’une loterie cosmique tenue par un grand maître invisible et inaccessible.
Avec lucidité mais aussi humour, l’artiste aligne des images qui évoquent la vulnérabilité, celle des corps mais aussi des esprits. Ainsi, elle peut actuellement réaliser des vanités comiques : un squelette argenté peut se retrouver assis autour de pendules roses bonbons ou un homme peut tenir dans ses bras le squelette d’une mariée au long voile affublé d’un long nez rouge. Le squelette au voile est une figure récurrente des films d’épouvante mais le nez rouge à la Pinocchio contredit le premier effet macabre. Ne reste alors que le grotesque d’un amour parfait qui ne se réalise jamais.
Entre l’humour de ses premières parodies de paysages et cette pensée des fins dernières qui l’habite depuis toujours et qu’expriment ses Vanités, Gloria Friedmann préfère l’entremêlement des deux plutôt qu’un choix bien défini. Le macabre côtoie l’humour et la douceur du rêve la réalité la plus sinistre. Elle invente des allégories sculpturales d’une efficacité immédiate, tranchante, blessante. Elle renouvelle le genre de la danse macabre, en riant.
« J’aime que l’œuvre dise quelque chose et que la personne en face d’elle reçoive quelque chose. Mais je ne suis pas une artiste à message pour autant. Je n’ai pas mieux compris que les autres, je suis comme tout le monde, mais j’aime trouver la forme juste d’une idée – juste et inattendue. »
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