Ursae Lacrimae
Art Orienté objet (Laval-Jeantet & Mangin), 2010
Courtesy : A.O.O
Le culte de l’ours était de la préhistoire jusqu’au XIIIe siècle si fort dans les régions boisées et montagnardes de France, que l’église catholique dut mettre en place la rétribution des montreurs d’ours pour amoindrir, en exposant son humiliation, l’admiration populaire qu’il suscitait.
Depuis, la présence de l’ours n’a cessé de reculer dans les régions françaises, jusqu’à la très polémique disparition du dernier ours de souche pyrénéenne, Cannelle, tuée dans la vallée d’Aspe le 1er novembre 2004.
Naturellement, on a trouvé dans la grotte du Mas d’Azil, ainsi que dans ne nombreuses grottes de la région, dont Pech Merle, des ossements d’ursidés assez nombreux. On peut supposer qu’ils témoignent de la présence d’ours morts en période d’hibernation, mais il est aussi vraisemblable qu’ils s’agissent d’os conservés votivement par l’homme du néolithique.
A l’entrée de la grotte, une médium récemment invitée à la visiter y vit dévaler une apparition d’ours, et le sentiment étrange de la présence de cet animal noble m’a prise à la gorge quand je tentais d’évoquer les lieux mentalement.
Ursae Lacrimae, « les larmes de l’ourse », volontairement traduit en latin, est une œuvre qui met en scène un rituel de réparation à l’égard de l’ours devenu indésirable à l’homme moderne.
La fontaine de larmes lumineuses traverse la figure d’un pénitent sur sa gauche et d’un chaman sur sa droite. Cet ensemble d’objets votifs est censé fixer l’attention du spectateur dans une observation hypnotique, propre à se laisser prendre par la litanie vocale qui passe de la voix de l’homme à celle de l’ours (prononcé dans 10 langues différentes), et qui n’est autre qu’une invocation chamanique pour entrer en contact avec l’esprit de l’animal.
MLJ