(né en 1970 en Suisse – Vit et travaille à New York et Zurich)
L’œuvre hétéroclite d’Olaf Breuning puise dans les codes visuels de la culture populaire, elle mixe les origines, confronte les univers pour inventer une esthétique unique dans laquelle l’étrange se mêle à l’humour.
Tout son art oscille ainsi entre le trouble et la distance et ses effets ne sont pas vraiment spéciaux : les déguisements, les postiches, le maquillage semblent affirmer leur échec à travestir avec exactitude la réalité.
Dans ses œuvres, on voit le truc, rien n’est pourtant laissé au hasard et ses images comme ses installations visent une sorte de paradoxale perfection du faux.
Au regard de son travail, il semble évident qu’Olaf Breuning a pris acte du développement continu de l’industrie culturelle. Par ses manipulations, ses mises en scène, il affirme sa volonté de ne pas choisir entre la culture d’élite et la grandissante culture populaire, de se jouer des deux en brouillant les pistes.
Son œuvre s’invente dans un espace interstitiel, dans lequel les effets illusoires des séries Z entrent en collision avec la réalité grand luxe de quelques objets designés (Dyson, Porsche, BMW…). Elle se nourrit autant de l’art de Matthew Barney ou de Doug Aitken que des films de John Carpenter ou de John Waters. Olaf Breuning parvient à situer son travail dans un entre-deux, comme pour revendiquer son appartenance à un monde qui, pour lui, n’est définitivement plus divisé mais incontestablement schizophrène.
Fantômes en perpétuelle errance, ses personnages glissent sur le visible et échappent à toute interprétation. Bons sauvages ou poupées en silicone, ils font mine de nous divertir pour mieux nous renvoyer à notre pitoyable condition de touriste.
Ses œuvres constituent d’extraordinaires catalyseurs d’interprétations, de puissantes machines à scénario, de mises en scènes intrigantes et visuellement fascinantes, mais au bout du tunnel, le message est clair et sans équivoque : « Whatever ». On cherche une signification, une explication à ce dégonflement systématique de posture. La machine se remet alors en marche, les interprétations, les images traversent à nouveau notre esprit, mais ils errent sans fin. Son art ne s’aborde plus en termes de positions et de lieux, il révèle la multiplication illimitée des couches et des interprétations qui servent à sa construction. Il contribue à densifier le réel, à le complexifier.