Le travail de Virginie YASSEF se développe à partir du déplacement, celui de ses voyages (en Chine, aux Etats-Unis, en Laponie…) et celui qu’elle propose aux spectateurs de ses installations. Utilisant la vidéo, les objets qu’elle détourne et auxquels elle impose des variations d’échelle ou de texture, Virginie YASSEF met en doute nos repères géographiques, spatiaux et temporels pour créer des fictions à la fois drôles et cruelles.
Etrange voyage au pays des jouets, comme le dit Giorgio Agamben dans « Enfance et Histoires », les récits fantastiques de Virginie YASSEF s’appuient sur une réalité du monde quotidien : la coupe du monde de football, un terrain en construction en Chine, des installateurs de câblages électriques. Ils deviennent par la magie du cadrage, les éclairages de fin de journée ou les angles biaisés de la caméra, des figures simiesques grimpées sur les réverbères, une monstrueuse machine attaquant la ville, des diables surgissant aux abords de l’autoroute. Comme chez Robert Smithson, l’archéologie et la science fiction se rejoignent dans une forme de création entropique qui nargue les procédés narratifs habituels. On pourrait citer encore Claude Ollier et ses systèmes de construction qui mettent en scène les objets quotidiens.
Les œuvres de Virginie YASSEF proposent aussi une participation du public : des tongs colorés à disposition à l’ARC-Musée d’art moderne de la ville de Paris, un sol qui éclate sous nos pas (la galerie recouvertes de papier « bulles »), ou joue avec lui en le surprenant (une porte entr’ouverte qui nous claque à la figure, un mur escamotable qui s’ouvre si l’on s’appuie sur une de ses briques….autant de « pièges à l’œil » qui induisent une maîtrise des techniques de fabrication proches des machineries